Qu'est ce qu'une sinfonia dans un oeuvre du 18ième siècle ? C'est un peu ce qu'on pourrait appelé, dans une oeuvre vocal et instrumentale, comme plus tard, les opéras, une ouverture. Mais dans une oeuvre liturgique comme les cantates et les oratorios, on appelle cela une sinfonia, qui a garder son sens étymologique : le fait de "sonner ensemble"... J'en profite pour vous dire que "jouer du violon" en italien, se dit "sonner le violon"... "sinfonia" est donc la partie qui ouvre, en faisant jouer ensemble les instruments, sans chanteur. Les opéras par la suite ont garder cette tradition, certaine ouvertures sont célèbres parmis les opéras de Mozart, de Verdi... et j'en connais une de Beethoven, l'ouverture d'Egmont.
La cantate BWV4 dont je vous ai fourni précédemment le choral, comme toute oeuvre vocale avec accompagnement instrumentale s'ouvre par une sinfonia. Je vous fournis donc ce chef d'oeuvre de structure, du moins les deux parties de violon ensemble, sachant qu'avec eux, il y a encore deux altos et un continuo, c'est à dire une partie de basse chiffrée, dont la fondamentale de l'accord est jouer par un violoncelle ou une contrebasse à l'octave inférieure, et le reste des accords au clavecin... ou mieux, un orgue... positif ou d'Eglise.
Cette oeuvre est donc une cantate qui se chante le vendredi saint, une fois que le Christ est mis au tombeau. C'est une oeuvre qui n'est pas écrite dans la tonalité la plus tragique qui soit (en sol mineur), mais en mi mineur, tonalité de souffrance physique, digne représentant de la souffrance de Christ. C'est une oeuvre torturé dès le départ, avec son aspect lourd sa mélodie d'abord tronquée, avant que n'apparaisse le thème proprement dit. Je vois la plupart du temps dans cette façon d'aborder une cantate, comme une pré-exposition... une exposition est dans une symphonie la succession d'un thème premier, d'un pont et d'un second thème... mais il peut y avoir un préambule de quelque mesure... c'est ici le cas. Le thème s'expose d'ailleurs en si mineur (présence insistante du la dièse, sensible du si, et apparition dans la mélodie du do dièse). C'est la dominante du mi mineur, tonalité principale de toute la cantate.
Pour jouer cette oeuvre, je recommande au violon I d'être arrivé à l'étude de l'extension du quatrième doigt, car ils auront à affronter la présence du do aigu sur la première corde (mi). Dans le cas contraire, il est toujours possible de tenir la partie de violon II.